vendredi 21 novembre 2014

5 avril 1916 - 14 novembre 2014

Lorsque j’étais avec toi, le temps s'arrêtait, j'étais une enfant qui n'avait plus conscience du monde extérieur.
Dans ta petite maison au bout du chemin le chocolat avait le goût d'une boîte en fer, les repas étaient toujours délicieux et le goût de ceux préparés par toi, les nuits étaient chaudes dans ton lit qu’on se partageait sous les couvertures en laine et ton chien couché à nos pieds, elles avaient l'odeur de ta crème pour les mains que tu t’appliquais chaque soir et étaient douces de ta présence.

Les journées étaient toujours ensoleillées même l'hiver, je prenais le temps de dessiner, le temps de jouer, le temps  de lire, le temps d'écouter des vieux vinyles d'une autre époque sur un vieux tourne disque, le temps de te regarder coudre, le temps de courir autour d'un feu de jardin lorsque tu avais coupé plein de vieilles branches, le temps de prendre des goûters et de boire ton eau de seltz dans un service à orangeade près du forsythia en fleurs.

A l'adolescence ta petite maison était mon refuge lorsque j'avais l'impression que mes parents ne me comprenaient plus, tu savais écouter et rassurer, tu savais essuyer les larmes et penser les petites plaies au cœur et tu devenais la confidente de nos fêtes cachées que tu nous aidais même parfois à organiser.

Nos vacances avaient un goût salé, avec toi nous pouvions regarder le soleil se coucher dans l’océan, tu savais arrêter le temps l’espace d’un été, regarder les enfants jouer, les vagues claquer et rentrer au moment du dîner.

Nos hivers étaient parisiens, le musée Grévin, les grands magasins, le boulevard Haussmann, le jardin d’acclimatation, le métro, ce Paris dont tu aimais les quartiers, les gens qui marchaient vite tout comme toi, cette ville que tu aimais tant, je l’aime tout autant.

Nos printemps étaient chics sur la croisette, à Nice ou à Canne, les longues marches dans les quartiers des boutiques, nous pouvions regarder pendant des heures les gens sur la croisette, nous bronzions à l’huile d’olive et au citron et devenions amis avec le seul clochard qui vivait sur la plage et que tu aidais le temps des vacances.

Je pourrais écrire un livre sur toi, ma mémoire est pleine de bons souvenirs et d’images heureuses.

De toi, j’aime tout, à toi je veux ressembler. Avoir été autant aimé par toi c’est un cadeau merveilleux que tu m’as fait. Aucune richesse n’est plus importante au monde que l’amour, le plus bel héritage que je peux donner à mes enfants et mes proches est l’amour, l’argent ne vaut rien et se dépense, l’amour lui reste à tout jamais. J’espère un jour être la grand-mère que tu as été, prendre soin de mes petits enfants avec autant de gentillesse et de douceur.
J’espère que là ou tu es tu y es bien, je ne sais pas si il y a quelque chose, mais je souhaite que tu puisses enfin dire à ton père tout ce que avait envie de lui dire mais que ton époque et ton âge ne t’autorisaient pas à faire.


Je t’aime, Chrystel

mercredi 8 octobre 2014

Il y a...

Il y a ceux qui ne disent jamais merci,
il y a ceux qui sonnent à n'importe qu'elle heure du jour ou de la nuit pour avoir une réponse à leur question en ignorant que j'ai aussi une vie,
il y a ceux qui trouvent que c'est trop cher pour le service offert,
il y a ceux qui oublient que c'est du bénévolat,
il y a ceux qui ont des projets qu'ils ne veulent pas mener,
il y a ceux qui usent et qui abusent de mon carnet d'adresse,
il y a ceux qui sont là pour servir des intérêts personnels,
il y a ceux qui ne répondent même plus,
il y a ceux qui ne savent pas lire et qui me font répéter mille fois les mêmes choses

mais surtout

Il y a ceux qui sont devenus mes amis,
il y a ceux qui me disent toujours merci
il y a ceux qui me font partager les bonnes nouvelles en premier
il y a ceux qui sont là quand je ne vais pas
il y a ceux qui m'invitent chez eux
il y a ceux qui me parlent de leur trou dans le coeur
il y a ceux qui partagent leur bonheur,
il y a ceux qui m'aident du mieux qu'ils le peuvent
il y a ceux qui sont généreux

mais avant tout

Il y a le bonheur des enfants
Il y a leurs sourires et leurs rires
Il y a le bonheur des familles

et une fée au pays des 7000 îles qui sera bientôt là pour eux.


mercredi 23 juillet 2014

Correspondance

le 8 septembre 1934,

Amandine,


J'ai reçu hier ta lettre du 4 et celle-ci m'a fait plusieurs surprises

1° que Lucienne est fiancée, cela est au moins inattendu et explique certaine lettre que j'ai reçue d'un Mr Flandrinck à laquelle je n'avais pas répondu car je ne savais s'il s'agissait d'une fumisterie n'étant au courant de rien ni par Lucienne ni par toi et de plus ce  Monsieur, qui est peut-être très sympathique par ailleurs avait un tel français et une telle orthographe dans sa lettre que je ne pouvais lui supposer qu'une instruction très au-dessous de la moyenne et des moyens d'existence réduits par cela même ; peut-être n'est-il pas français, ce qui pourrait être une excuse.
Si tu as jugé qu'il pouvait convenir à Lucienne, je m'incline et te laisse la responsabilité de cet aléa, car tu penses bien que je ne désire que son bonheur, mais franchement, un peu plus de renseignements sur son fiancé n'aurait pas fait de mal, que fait-il, a t-il de la fortune, est-il français, quel est sont métier ?
Et surtout, étant donné les circonstances, tu aurais pu et du m'en avertir la première, car ce n'était pas la peine dans ce cas d'attendre que les fiançailles soient un fait accompli pour m'en avertir.
Mr Flandrinck eût été rassuré plus vite et c'eût été une stricte politesse.
Lucienne a été surprise une fois que je lui dise que j'étais fier d'être son père, eh bien ! En voilà encore une nouvelle preuve, vous arrangez tout cela sans m'en faire la moindre communication, comme si je n'existais pas, et si j'avais refusé, eu conséquence ?...
Rassurez-vous tous, il n'en est pas question, car malgré tout, Lucienne est ma fille et mes sentiments pour elle me font désirer tout son bonheur et mon consentement lui est pleinement acquis, et que mon futur gendre veuille bien ne pas m'en tenir rigueur ce que je souhaite puisque tout est bien qui finit bien, d'ailleurs, les amoureux oublient facilement !
Quant à la lettre que Lucienne m'a envoyée au mois de mai, je l'attends encore et j'étais plutôt mécontent de n'avoir pas eu de réponse depuis cet hiver.
Tu me dis que ce Monsieur demeure dans ta maison avenue Herbillon, cela aussi est nouveau pour moi, car j'ignorais que tu fusses si près de ta soeur.
En tout cas, bonne chance et bonheur aux futurs époux, et embrasse pour moi Lucienne qui j'espère me donnera de plus amples détails sur son fiancée.
Marcel


Amandine était mon arrière grande-mère, femme sévère et parmi celles qui osèrent divorcer, la mienne a du le faire en 1917 alors que la loi l'autorisait depuis 1793 mais peu de femmes osaient.
Marcel était son mari, un bel homme au regard bleu azur, un ingénieur issu de la bourgeoisie parisienne, fou de moto et intellectuel, inventeur du moteur d'avion ultra léger mais qui faute d'avoir déposé le brevet s'est fait piquer son invention.
Lucienne est ma grand-mère, 98 ans et elle a conservé quelques lettres de sa correspondance. Un bien précieux qui aujourd'hui ne se fait presque plus, je sais que certaines personnes griffonnent des petits carnets et c'est plutôt une bonne chose pour les générations à venir.
Mr Flandrinck était mon grand-père, pas difficile à deviner, pas une grande instruction effectivement mais très débrouillard et surtout très gentil. Ma grand mère l'a épousé plus pour avoir son émancipation que par amour, mais c'est tant mieux, aujourd'hui je suis là, ils étaient beaux non ?

D'autres à venir...

mercredi 16 juillet 2014

Vacances

Et bien voilà nous y sommes, enfin les enfants et moi sommes en vacances, il parait que j'ai le droit à 34 jours de congés même au chômage, je ne vois pas trop la différence mais c'est un droit que je prends.
Cette année, pas de destination exotique, pas de plage de rêve, pas d'eau turquoise, pas de montagne ensoleillée, rien de tout ça.
Alors, me voilà parti à chercher des activités en région parisienne.

Première idée, montrer à mon loulou les souffleurs de verre près de chez moi :

Fermé du 16 Juillet au 15 Août !! Pas de bol

Seconde idée : montrer à mon loulou le musée de l'aviation encore plus près de chez moi :

Fermé jusqu'à nouvel ordre, la dernière pluie de grêle a fait de gros dégâts !

Je continue mes recherches mais on risque de devoir monter sur Paris si ça continue.


mercredi 4 juin 2014

Maman fière

Comme je l'ai évoqué, l'année a passé si vite que j'en suis encore étourdie.
Elle a été et malheureusement l'est encore, pénible, douloureuse, malheureuse une année 2014 à l'image de la fin d'année 2013 qui s'école rapidement.

Rares ont été les moments de rire et de bonheur cette année, nous nous sommes accrochés comme à des bouées aux instants légers, nous avons eu du mal à fêter, Pâques ne ressemblait pas à Noël comme les autres années, nous avons soufflé rapidement sur les bougies d'anniversaire, certains ont même décidé de ne plus répondre aux messages les invitant comme tous les ans à venir voir leurs petits enfants danser ou exposer.

Et malgré tout cela, nos deux enfants cette année nous auront porté. C'est incroyable l'énergie que nous communique nos enfants, ils nous aident à tenir, nous dépasser, lutter et gagner. Nous gagnons quelques batailles, une autre bien difficile à nouveau vient d'arriver et je suis persuadée que nous la gagnerons aussi, on a de l'entrainement finalement.

Non seulement ils sont restés joyeux (malgré quelques petites angoisses) mais ils ont été brillants à l'école.

Dhéjy continue de suivre sa scolarité sans trop de problème. L'apprentissage du français reste sa principale difficulté mais il n'est pas moins bon qu'un autre enfant né en France et surtout il est si volontaire. Il continue son orthophonie et ses notes sont équilibrées puisqu'il est performant dans d'autres matières, il ne sera pas un grand littéraire mais plutôt un grand dessinateur, il aime son don et cela lui permet de se valoriser.

Alicya a fait une excellente année de seconde, elle m'épate toujours autant ma fille. Malgré son soucis de manque de confiance, sa presque phobie scolaire elle s'est encore dépassée et a terminé son année au maximum comme tout le temps, elle ne lâche jamais rien, apprend jusqu'au dernier jour, sa dernière note de l'année 29,75/30, pas mal non ? Elle est admise en première scientifique sans aucun soucis et elle continue de penser à son avenir en s'ouvrant de nouveaux horizons, les soins, la recherche ou la danse.

Alors, nous leurs parents, sommes si fières d'eux que nous allons donner notre maximum pour régler tous les soucis, les protéger au maximum et même si on doit tout reprendre à zéro on le fera, on les prépare déjà à peut être se séparer d'une maison devenue trop coûteuse en leur expliquant que le principal c'est que l'on reste tous les 4 et qu'à 4 nous sommes les plus forts du monde.

Bravo mes enfants, je vous aime et vous me le rendez bien.




mardi 29 avril 2014

DIEU

Ce soir là était un soir comme les autres, l'école avait repris, le goûter pour lui était terminé et on faisait déjà les conjugaisons des verbes du deuxième groupe et la grande était rentrée du lycée et commençait à raconter sa journée.
Puis, elle dit, "tu es au courant que la maman de Thomas est décédée" ?
Mon coeur s'est mit à battre plus fort, Guilène qui avait été des années mon binôme dans les conseils de classe du collège et qui avait lutté deux fois contre un cancer n'avait pas gagné la bataille. La tristesse forcément s'est vue sur mon visage, j'étais triste pour elle et pour ses enfants, cette maman était bien trop jeune pour les laisser.
Puis la soirée s'est déroulée normalement, il est allé jouer chez son cousin, elle a fait son sport et son travail scolaire et moi j'ai préparé un bon petit plat pour mes amours, j'avais envie de cuisiner pour palier à toutes les fois ou l'envie n'était pas là.
L'homme est rentré, de bonne humeur, envie de parler avec moi, ça faisait longtemps que nous n'échangions plus trop, les difficultés des derniers mois nous ont un peu éloignées.
Après le repas, il est allé câliner son papa, s'est blotti dans ses bras et une fois de plus tant d'amour à fait surgir des larmes.
Il s'est alors approché de moi, il avait besoin de vider son sac beaucoup trop lourd pour ses épaules.

"Maman, je suis fâché avec Dieu, tous les soirs je prie dans mon lit mais à la fin je lui dit "Pas Amen" au lieu de "Amen"."
Je l'ai rassuré, je lui ai expliqué que l'on avait le droit d'être fâché avec Dieu, qu'il pouvait tout entendre les bonnes comme les mauvaises choses.
"Oui mais je ne veux plus croire en lui".
 Je lui ai répondu que son papa ne croyait plus en Dieu non plus et que ça ne l'empêchait pas d'être une bonne personne.
Mais plus je parlais et plus il pleurait, des sanglots très fort, une tristesse infinie.
Il m'a alors dit, "mais j'ai peur que tu meures parce que je ne suis pas gentil avec Dieu".
Je l'ai rassuré en lui disant que si je devais mourir il n'en était en rien responsable qu'il prie ou pas, qu'il soit fâché ou pas après Dieu. Que malheureusement dans la vie les gens meurent mais que c'est de la faute de personne". Il m'a alors dit "si, c'est la faute de Dieu".
J'ai tenté de le rassurer, de trouver les mots, de le rassurer sur la mort, ma mort que je ne souhaitais pas tout de suite mais quand je serai très vieille comme sa mémé et je lui ai donc proposé que tous les soir, on fasse la prière tous les deux à haute voix pour le rassurer et qu'à la fin nous n'étions pas obligé de dire Amen mais autre chose, soit bonne nuit, ou merci ou à demain.
Il a fini par se calmer et au moment du coucher, nous avons prié à trois avec sa soeur qui est restée allongée près de lui. Il a voulu dire à Dieu qu'à partir de maintenant il essaierait de ne plus être fâché. Sa nuit a été paisible et du coup la petite souris qui avait oublié de passer les deux derniers jours à mis des intérêts de retards ce qui l'a rendu fou de joie le matin.

Forcément, mon coeur de maman a été ravagé par sa détresse. J'ai essayé de protéger mes enfants de mon chagrin durant ces derniers mois, nous parlions de leur grand père, mais il m'a été difficile de cacher ma tristesse lorsque je pensais qu'il ne vivrait pas.
Il m'a dit qu'il faisait des prières depuis que son papi était à l'hôpital et qu'il me voyait malheureuse et il disait à Dieu qu'il était fâché après lui de faire ça à son papi et sa maman. Mais surtout, il m'a dit qu'il ne supporterait pas de me perdre, j'ai senti dans sa tristesse une douleur immense, un équilibre encore fragile finalement.
J'avais reculé l'entrée au catéchisme d'un an afin de lui permettre de ne pas cumuler les activités, mais il m'a demandé qu'à la rentrée prochaine il voulait comprendre Dieu et faire son catéchisme. Je pense que nous irons parler à la catéchèse et au prêtre afin qu'il puisse être en paix avec ses prières des mois passés.

Je commence tout juste à trouver la paix avec tout ce qui s'est passé ces derniers mois, je reconnais que ma douleur était si grande que je suis passée à côté de l'accompagnement de mes enfants, avec ma douleur je les ai indéniablement renvoyé à leur douleur future s'il m'arrivait malheur.
Aujourd'hui, je pense que nous devrons parler tous ensemble des derniers mois et surtout avec lui, parce qu'il aura toujours en lui ce sentiment d'insécurité et d'abandon, cette cicatrice est malheureusement toujours fragile et prête à s'ouvrir.





dimanche 20 avril 2014

lundi 24 mars 2014

20 ans


Il y a 20 ans, j'avais 25 ans ils avaient 27 et 50.
Il y a 20 ans, tous les trois avons été licencié au même moment.
Il y a 20, nous deux étions insouciants et sans peur, lui voulait finir en beauté une carrière commencée à 14 ans et nous, nous voulions la lancer avec lui.
Il y a 20, nous nous sommes unis, et avons créé notre société, nous sommes partis avec presque rien mais plus qu'aujourd'hui.

Durant 20 ans, nous avons eu un démarrage fulgurant, nous nous sommes serrés la ceinture quelques mois mais à 25 et 27 ans ces quelques mois ne représentaient presque rien.
Durant 20 ans, nous avons eu 15 ans de lune de miel, de l'argent, ce qu'il fallait mais pas trop, de quoi gâter tout le monde, d'aider, d'offrir, de partir, de bâtir, de fêter, d'imaginer, sans jamais oublier d'où l'on venait.
Durant 20 ans 45 personnes sont venus travailler quelques mois ou quelques années, nous avons vu des bébés arriver et grandir, des divorces mal se terminer, des épouses à consoler, des pensions à payer, nous avons ramassé quelques personnes qui avaient chuté, nous avons offert un toit quand il en manquait, des repas quand ils avaient faim, la possibilité de revenir après une peine purgée, payé des pensions, des impôts, des PV, fait des prêts quand il le fallait, nous avons été nous mêmes, justes, honnêtes, peu être un peu trop. Nous avons rit et pleuré, nous avons marié et enterré.

Durant 20 ans, la crise s'est installée, la trésorerie à filée, les salariés ont démissionné, il a fallu me licencier, au bout de 20 ans sur les 3 il n'en reste qu'un, il et elle sont partis, l'un pour une retraite bien méritée, l'autre à la recherche d'une autre carrière qu'elle aimerait bien mener.

Au bout de 20 ans il ne reste presque plus rien, il reste lui, qui y croit encore un tout petit peu mais qui devra prochainement écrire le mot fin.




jeudi 20 mars 2014

Voyage dans le temps





Pour revenir à plus de légèreté mon fils hier m'a posé une question :

"Maman, si tu pouvais voyager dans le temps, tu choisirais de retourner ou ?"

Oh la la, mais qu'elle question ! Je n'ai jamais été passionnée par l'histoire de France, seules les histoires drôles me plaisent et comme mon père me disait toujours, on ne bâtit pas son avenir sur des regrets, pas de possibilité de retour arrière. Mais le p'tit truc ne lâche jamais rien, il me dit "vas-y maman, tu dois choisir un moment". 
Je lui ai donc répondu, si je devais aller en arrière, je voudrais être sur les marches du commissariat ou tu as été laissé et dire à la personne qui t'a abandonnée de ne pas le faire que je peux peut être l'aider.
Il me répond "oh non maman, ça voudrait dire que tu ne serais pas ma maman" oui c'est bien ça, je lui explique que je serais prête à ne pas être sa maman. Il me regarde et me dit "ça ne me plaît pas du tout, dis lui autre choses parce que je t'aime trop et j'aime être ton fils".
Je lui dis alors, que je demanderai à cette personne de lui laisser une photo de sa famille, son nom sa date de naissance et une explication afin qu'il se construise sur une histoire et surtout je lui dirais, ne vous inquiétez pas, je l'aimerai plus que tout et il sera heureux"
Il me regarde et me dit "Ah ça c'est super, c'est même parfait maman et comme toi tu as fait ça moi du coup maintenant je peux aller voir comment c'était au moyen âge, ça me plairait trop"...

Je me demande si avant d'aller au moyen âge, il n'avait pas envie de la même chose que moi.




lundi 17 mars 2014

Déménagement

J'avais écrit ce texte il y a deux ans le soir de la remise des clés à un jeune coupe qui allait construire sa nouvelle vie dans leur ancienne maison. Mes parents étaient chez moi et dormaient dans la pièce d'à côté. Je voulais laisser une trace de la vie que nous avions eu tous les 4.





Ce soir une maison est vide, les meubles attendent tranquillement dans un camion et les occupants ont fermé la porte sur 31 années de vie.
Cette maison, c'est celle qui est venue tenir compagnie à celle du bout du chemin, elle a été imaginée et dessinée avec de la réflexion, ils avaient même pensé y finir leur vie, mais la vie réserve parfois des surprises qui font changer les plans élaborés 30 ans auparavant.
Dans cette maison 31 années de bonheur se sont déroulées. Elle les aura fait suer, jardiner, terrasser, décorer.
Elle aura servi de modèle pour un catalogue de papier peint, elle y aura entendu des rires de petites filles et des cris d'adolescentes. Elle aura abrité des amours, des amitiés, des pleurs. Ses murs, plafonds ou portes auront même parfois soufferts de quelques coups ou jets d'objets.
Cette maison avait toujours la porte d'entrée ouverte, jamais une clé n'est venue verrouiller la serrure afin que les amis ou la familles puissent ouvrir à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit.
Elle aura accueilli des fêtes, des anniversaires, des motos ayant besoin de révision. Son barbecue aura servi un nombre incalculable de fois et les plus grands plateaux de fruits de mer auront été servis.
Une future mariée s'y est préparée dans la chambre de ses parents, la plus grande, avec un grand miroir.
Une jeune maman son bébé et son mari y auront trouvé refuge pendant 9 mois en attendant que leur maison à eux se construise.
D'autres petites filles auront joué avec les anciennes poupées et barbies de leurs mamans. Des petits garçons aussi ont appris à jouer aux dames avec papi.
Difficile de la quitter ? Probablement, surement même.
Aujourd'hui ils attendent de pouvoir rentrer dans la nouvelle et déjà ce soir ils parlaient de ce qu'ils allaient y faire dedans.
Ils se sont rapprochés de leurs filles comme eux l'avaient fait auparavant en se rapprochant d'une maman.
J'aime à dire que nous sommes tricotés serrés et que ce qui compte c'est que nous ne soyons pas trop éloignés les uns des autres.
Nous avons été heureux dans cette maison, mais le bonheur s'emporte partout.
L'essentiel c'est que malgré toutes ces années, l'amour que l'on se porte soit toujours aussi fort et que l'on ne puisse imaginer vivre sans cet amour.
Une nouvelle vie va s'écrire dans la maison de l'impasse des Jonquilles, des petits enfants viendront y jouer avec le futur billard ou baby foot que papi a promis, y déjeuner. Des filles viendront plus souvent pour boire un petit café, discuter au coin d'une table avec une maman qui fermera la porte pour ne pas qu'il entende. Des gendres viendront y aider pour bricoler et apporter des conseils qu'il n'écoutera probablement pas.
A nouveau cette maison va être décorée, on va y jardiner et des fêtes vont y être données pour les voisins que l'on a quitté. Elle abritera des confidences d'adolescentes et des jeux de petits garçons mais surtout elle y abritera deux parents extraordinaires que la vie a un peu fragilisés.

vendredi 14 mars 2014

Seule sur la route

Le printemps arrive déjà, le soleil commence à chauffer, les jonquilles sont de sortie et déjà on  pense à remiser les manteaux dans les armoires pour sortir les gilets.
Le temps passe, indubitablement et j'ai l'impression qu'il file sans moi, que je reste sur le chemin, je vois tout le monde avancer, passer devant moi s'éloigner et moi j'ai le sentiment de rester, comme figée par le temps.
De nombreux mois viennent de s'écouler, les larmes ont abîmées mes yeux, grisées ma peau, creusées mes rides, enlevées mon sourire.
J'ai essayé de mettre mon cerveau sur pause, mais un vilain acouphène vient de s'installer depuis des semaines, alors quand j'essaie de trouver le calme, les sifflements envahissent ma tête.
Il faut apprendre à faire le deuil, mais comment faire le deuil d'une personne vivante ? Il est là, il me voit, m'entend, ressent, souffre de ressentir, mais ne veut plus sortir de sa bulle dans laquelle il s'est enfermé depuis de longs mois. Parfois, j'ai le sentiment d'être au milieu de l'océan, je veux survivre mais à chaque fois que je sors la tête de l'eau une vague revient et me renvoie dans le fond.
Je sais que j'ai de la résistance, mais pour combien de temps ?
Combien de temps il va me falloir pour ne plus te regarder sans pleurer, ne pas avoir peur de passer du temps à tes côtés, accepter l'inacceptable et arriver à regretter que ce jour là n'était pas ton jour.
J'étais prête à la dégradation, j'étais prête à la perte d'autonomie, j'étais prête à accepter, j'étais prête à ta mort mais je n'étais pas prête au suicide.
Ce vilain mot, celui qui fait comprendre que stop, c'est terminé, je ne peux plus et ne veux plus continuer. Ma vie doit s'arrêter je n'ai plus d'armes pour combattre cette maladie. Nous n'avons pas eu besoin de te dire qu'il n'y avait plus d'espoir thérapeutique, ton cerveau rend malade ton corps mais il te laisse encore parfois la capacité de comprendre, de raisonner et d'envisager.
Je pensais être la plus forte des 3 mais finalement je suis probablement la plus faible. Je n'ai jamais été dans le déni mais aujourd'hui je suis dans la souffrance. Je n'accepte pas ta chute brutale, provoquée. Je déteste le fait de ne pas pouvoir t'en parler, je déteste l'état dans lequel tu t'es plongé et se sentiment que je t'en veux, un tout petit peu.
Je ne suis pas contre ceux qui se suicident, mais après pour ceux qui restent, il reste une souffrance tellement grande. Je comprends et j'accepte son geste, il me renvoie juste à ma propre vie, mon propre avenir, je me dis que si il a eu le courage de le faire alors moi aussi, si un jour je me trouve sans force et sans envie de continuer je le ferai et je ferai souffrir ceux qui m'aiment. Je déteste cette violence, cette acte soudain.

En ce moment en France, il y a un grand débat pour l'euthanasie assistée. Je pense qu'il faut vraiment ouvrir notre esprit à cet acte, ça ne rend pas la disparition d'une personne aimée moins douloureuse, mais ça prépare l'entourage à une disparition moins violente, moins choquante et surtout cela évite les actes manqués et les cicatrices ouvertes dans le coeur.





mercredi 5 février 2014

Le jour d'après

J'ai essayé maintes et maintes fois d'écrire, de continuer à vous raconter notre vie, vous raconter notre voyage, ce que j'avais ressenti, aimé ou pas, les gens que j'ai rencontré, les sourires des enfants, ce qui me faisait maintenant aimer ce pays, mais j'ai été happé par le tourbillon de ma vie.
Nous sommes rentrés encore des souvenirs plein la tête et des souvenirs plein les bagages le 18 août.
Nous avons pris le temps de dormir, défaire les bagages, pris le temps de parler de ce qui s'était passé durant notre absence, de se sentiment que j'avais eu là bas et le temps était déjà arrivé de verser quelques larmes lorsque je lui ai dit de ne rien me cacher.
Et puis le 19 est arrivé, le soleil était chaud, les lessives tournaient, le linge séchait au vent sur le côté de la maison, les enfants jouaient le mari était reparti travailler, notre été semblait continuer tranquillement, insouciant.
Nous sommes allés les voir, les embrasser, ils nous attendaient, je me suis assise à ses côtés, ma mère lui disait sans arrêt, "tu vois elle est revenue, je t'avais dit qu'elle reviendrait". Tu étais heureux de me voir, tu étais si tranquille si paisible, les larmes qui avaient coulées le matin devenaient déjà un lointain souvenir. 
Nous avons raconté nos vacances, tu souriais tu étais content de savoir qu'il avait été heureux de découvrir son pays de revoir ceux qu'il avait laissé là bas. Nous nous sommes embrassés et avons promis de nous revoir le lendemain. Nous sommes remontés tranquillement à la maison.
La soirée fût agréable nous nous sommes tous couchés tôt, fatigués du décalage horaire, je me suis endormie dans ses bras, heureuse de retrouver notre intimité et ma vie de couple après avoir passé trois semaines à 4 dans une chambre. Ce retour était parfait.

3h50 du matin, une sonnerie qui retenti anormalement dans la nuit, le souvenir de ce qu'elle m'avait dit des larmes qui avaient coulées, la peur.
Je l'entends au bout du fil, elle m'explique ce qu'il vient de faire qu'il faut venir, vite !

A partir de ce moment là, tout s'enchaîne, nous sommes le 5 février et j'ai l'impression que l'histoire n'est pas terminée, cela va faire 6 mois que notre avion a touché le sol et depuis 6 mois j'ai l'impression de vivre la vie d'une autre, mais pourtant c'est bien la mienne, ma vie a changé et je n'arrive toujours pas à apprivoiser ce nouveau sentiment, ce changement qui s'est opéré chez moi, cette angoisse que je trimbale partout, ces palpitations qui m'empêchent de dormir, cette tristesse qui prend possession de mon coeur.
Je ne sais pas si un jour je redeviendrai celle que j'étais, cette éternelle optimiste, celle qui lui ressemblait tellement.
Je pense que pour guérir, il va falloir que je l'écrive, que je me livre que j'apprenne à tourner la page et terminer le chapitre. Ma soeur me dit souvent que je n'aime pas les fins, elle a raison je ne les aime pas, pourtant, depuis 6 mois il y a eu beaucoup de fins et je ne les accepte pas.

Alors ici, peut être, je vais écrire ces fins mais surtout, trouver le début d'une nouvelle histoire.






jeudi 2 janvier 2014

Je vous souhaite à toutes et à tous une merveilleuse année 2014.
Le 14 étant mon chiffre préféré depuis toute petite, je mets tous mes espoirs dans cette année tout en croisant les doigts.